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CUBA 2005
18 mars 2005

18 et 19 mars : Trinidad

Notre road-book le dit, deux jours à Trinidad. Donc ce matin nous retournons nous balader tranquillement dans les rues de Camagüey après avoir pris un bon petit déjeuner au Gran Hôtel bien situé dans une rue calme. Et puis nous chargeons les bagages et nous mettons le cap sur la ville symbole des Antilles. Il est midi un quart. Peu à peu, le petit déjeuner devient un lointain souvenir et, vers treize heures trente nous nous arrêtons dans une cafétéria un peu bizarre dans un lieu-dit El Centro, quelque part entre Camagüey et Ciego de Avila. Comme toujours, une intersection, des bus semi-remorque, des camions, des charrettes, des gens arrêtés qui changent de moyen de transport, qui repartent à pied, qui font des signes aux voitures. Et nous voilà installés au milieu de nulle part, à casser la croûte d’un bol de  riz noir et de sandwichs au chorizo. On pourrait appeler cet endroit un « routier » par chez nous. L’intérieur est spartiate. Comptoir carrelé de blanc, tabourets scellés dans le sol, gros ventilateurs à quatre pales qui tournent mollement au raz d’un plafond peint de la même couleur ocre-rose que les murs nus. Un panneau propose les différentes consommations que l’on peut commander ainsi que le prix à payer. Un évier, une caisse enregistreuse de première génération et derrière, une porte ouverte sur ce qui sert de cuisine et d’où la serveuse revient avec notre deuxième série de sandwichs. L’eau potable est stockée dans des cuves et nous préférons les bières ou le coca en canettes de métal. Jean-Luc se risque à goûter l’eau. C’est sans doute ce verre là qui lui fut fatal le lendemain.

DSC00019





















Après cette petite collation nous repartons. Après avoir contourné Ciego de Avila, longé Ticotéa, évité Majagua et traversé Jatibonico, la Carretera Central se divise en deux branches à Sancti Spiritus et c’est la Carretera Sud que nous devrons suivre pour rejoindre Trinidad et la mer des Caraïbes. Nous faisons une petite halte sur une des places de cette capitale de province sans intérêt majeur. Mais comme partout dans l’île, à cette heure chaude de l’après-midi, on a envie de s’asseoir sous les arcades, à la terrasse d’un bar à regarder circuler les Chevrolets à l’intérieur cuir. Quelques belles façades restaurées, des galeries de peinture, des porches qui s’ouvrent sur des patios. On ne s’en lasse pas de cet univers où l’air et les gens circulent apparemment sans contraintes.

— Et la police ? me direz-vous

— Elle fait la police. Je répondrais.

Car en effet, nous n’avons pas vu autre chose que des policiers effectuant des contrôles de véhicules : papiers et permis de conduire. S’il est vrai que de nombreuses patrouilles circulent dans les grandes agglomérations, elle ne font rien d’autre que d’assurer la sécurité et à aucun moment nous n’avons assisté à une quelconque action agressive. Les Cubains eux-même semblent indifférents à leurs présences et ne manifestent aucune attitude craintive. Compte tenu du comportement actuel de nos forces de police j’en arrive à penser qu’il vaut mieux être contrôlé à Cuba que sur une route française.

Nous traversons la vallée de Los Ingénios(les moulins). Le National Géographic, guide de voyage au vocabulaire raffiné, parle ici du riche patrimoine architectural né de l’âge d’or de l’industrie sucrière. Et c’est vrai que l’on peut y visiter de vastes maisons de maître, des moulins à sucre. Mais, en gravissant les quarante-quatre mètres de la tour de guet de l’Hacienda Iznaga, comment ne pas penser à l’âge sombre de ces milliers d’esclaves venus d’un peu partout, et qui, où qu’ils soient sur le domaine, apercevaient ce mirador inquisiteur. Belle vue, évidemment, de là-haut. Au détour d’un des paliers, la rencontre inquiétante avec un essaim d’abeilles ne nous rebute pas. Nos photos sont décevantes et ne restituent pas la fuite éperdue du regard sur les trois cent soixante degrés des champs de canne que traverse la voie de chemin de fer encore en service. En bas, tassées, les maisons du village et les fils d’étendages où se balancent les guayaberas brodées que les femmes proposent aux touristes de passage.

Et c’est l’arrivée à Trinidad. Il est dix-huit heures trente. Notre hôtel est à la limite extérieure de la ville historique, interdite à la circulation, exception faite aux habitants. En fait, il ne s’agit pas d’un hôtel mais plutôt d’une résidence avec de petits bâtiments d’un seul étage répartis dans un parc qui s’élève au dessus de la ville. Nos chambres donnent sur une terrasse qui s’ouvre de plein-pied sur une pelouse. Au loin nous apercevons les plaines basses et la mer confondue avec l’horizon gris-bleu. Sur les lits, nos serviettes de bains torsadées représentent un cœur posé par la pointe dans ce qui pourrait-être un nid. Un mot écrit en français nous souhaite la bienvenue. Evidemment, derrière cette délicate attention naïve, nous ne sommes pas dupe et nous n’oublierons pas, avant de partir, de laisser dans un paquet quelques crèmes, un ou deux savons et... un ou deux pesos convertibles. Mais c’est tellement plus agréable que de subir les assauts sans nuances et agressifs des pseudos guides marocains.

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Je suis déçu. Deux jours à Trinidad et aucun signe du Doctor. J'ai fini par guetter ces manifestations où que je me trouve. Je finirais presque par les imaginer. Le soleil très présent et les Cuba Libre y sont peut-être pour quelque chose.

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