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CUBA 2005
16 mars 2005

16 mars Vers Guardalavaca

Petit déjeuner. Le café n’est pas terrible et ceux qui aiment le thé s’en sortent mieux. Nous sommes installés dans une intimité cubaine où le regard s’arrête sans jamais n’être vraiment bloqué. Notre hôte traverse le patio et s’en va cueillir IMG_0594quelques oranges. Je prends le temps d’écrire quelques impressions dans mon carnet. Non aux cadences infernales qui m’empêchent d’écrire. Mais c’est chaque fois pareil. Il faudrait voyager deux à trois fois plus doucement, pouvoir s’arrêter, avoir les moyens exorbitants de se poser le temps d’un long chapitre. L’écriture n’est pas un acte simple, elle devra attendre. Et comme l’état des routes ne me permet même pas de prendre quelques notes j’espère que les photos suffiront à faire resurgir les souvenirs.

Le temps de retourner voir les rues de la ville de jour, de se rendre jusqu’au port niché au fond de sa baie et il nous faut embarquer les bagages et les bouteilles d’eau minérales.

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Cet homme au bord du quai , les mains dans les poches, caché par les feuilles de palmiers, et qui regarde les bateaux... le temps de descendre sur la plage, il avait disparu. J'ai pourtant entendu quelqu'un lui demander : ¿ Cómo esto vaya a doctor? Ce à quoi il répondit d'une voix agée mais ferme : Muy bien, gracias !

Nous reprenons nos places attribuées. Jean-Luc au volant parce qu’il conduit, Isabelle à côté parce qu’elle doit pouvoir mettre ses jambes en l’air, Martine joue arrière-gauche et moi arrière-droit parce qu’il reste deux places à l’arrière. Ouf ! L’avantage c’est que nous pourrons changer de côté impunément. La route sera longue, sinueuse et pour tout dire beaucoup plus chaotique que cahoteuse. Parfois, les accotements gauches ou droits se révèlent en meilleur état que ce qu’il reste de chaussée. La vitesse moyenne est de trente ou quarante kilomètres heures. Quelques pointes à soixante s’avèrent extrêmement périlleuses car les trous qui apparaissent soudain ne sont pas signalés et parfois profonds. Ils sont souvent le début d’une longue partie délabrée où la vitesse tombe à vingt kilomètres heure, sans compter les arrêts complets quand il faut choisir entre la marche du milieu, l’ornière de gauche ou le fossé de droite. Par deux fois le fond de la voiture a heurté le sol. Ces routes officiellement dénommées routes principales importantes montrent à quel point le réseau routier souffre de la pénurie. On ose à peine imaginer le réseau secondaire. A Cuba donc, la chaussée s’utilise dans toute sa largeur et il n’est pas rare de parcourir cinq ou six cents mètres  à gauche quand ce n’est pas sur l’accotement de gauche. Sur ce parcours, nous n’avons rencontré que quelques rares voitures particulières, le reste étant constitué de quatre-quatre et bien sûr de camions bâchés ou couverts de tôles qui transportent les gens d’un village à l’autre. L’état des routes nous a retardé et nous avons dû renoncer à prendre notre repas de midi dans la réserve naturelle de Cayo Saètia. C’est donc à Mayari que nous avons déjeuner à la mode Cubaine d’un sandwich garni de rôti de porc et de bananes. L’ambiance de ce mail où se succèdent les petites échoppes qui offrent toutes à peu près les mêmes produits est surprenante. Il y a quelque chose de méditerranéen ici. Une douceur de vivre agréable malgré les bancs qui  ont perdus, pour la plupart, leurs planches d’origine. Martine a très mal à la tête et les secousses incessantes de la matinée n’ont rien arrangé. A l’ombre de cette allée, tout le monde en profite pour recharger un peu ses accus affaiblis.

De Mayari à Guardalavaca, les routes ne s’amélioreront pas et c’est épuisés que nous arrivons, vers seize heures à notre hôtel «  Sol rio de luna y mares ». Ici, nous basculons dans le grand luxe à l’américaine. J’ai un instant l’impression de me retrouver, en moins exagéré, devant cet alignement de palaces qui ont défiguré la côte de Cancun au Mexique. Le contraste est énorme du matin au soir. Comme elle est loin, notre hôtesse de Baracoa. Mais nous sommes trop habitués au luxe pour ne pas nous laisser envoûter. Et nous acceptons volontiers la taille des chambres, la profusion d’eau, la terrasse qui s’ouvre sur la piscine. Mais c’est l’océan qui nous attire. Nous sautons dans les maillots de bain et, munis de nos bracelet bleus indéchirables attestant que nous faisons bien partie du troupeau des clients de l’hôtel, nous descendons l’escalier qui nous conduit à la plage. Ô surprise, nous ne sommes que quatre (nous) à jouir du spectacle et de l’eau à vingt-huit degrés. Les autres sont au bord de la piscine. Se laisser glisser dans le « vert-photo » des magasines, fouler un sable blanc, avec les cocotiers posés là où il faut... Bon, il faut admettre que nous y trouvons notre compte même si la formule « tout à volonté » est insolente dans ce pays qui manque de tout mais dont les idées restent belles et tangibles. Le pourrissement est en marche, inexorablement, et c’est nous qui l’apportons dans nos bagages en même temps que nos devises pourtant précieuses pour leur avenir. Alors que faire. Je ne parle qu’un espagnol rudimentaire de première nécessité. Comment dire à ces gens qu’ils sont dans le vrai , malgré tout. Que les idées qui forgent leur société valent bien les nôtres, et que les apparences sont trompeuses. J’ai l’air de quoi en écrivant ça quand je nous revois tourner, tous avec nos bracelets bleus, devant des buffets débordant de victuailles.

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